Pathologies des glandes salivaires

Les glandes salivaires sont les glandes qui fabriquent la salive. Elles sont subdivisées en deux grandes classes :

– Les glandes salivaires principales, de taille importante, sont paires, symétriques et au nombre de trois par côté : la glande parotide en avant de l’oreille, la glande submandibulaire (appelée aussi sous-maxillaire) dans le cou sous l’angle de la mâchoire et la glande sublinguale plus petite située sous la langue.

– Les glandes salivaires accessoires, de toute petite taille, elles sont plusieurs centaines réparties dans toute la cavité buccale (lèvres, joues, palais …)

 

La pathologie des glandes salivaires est extrêmement variée.

On peut la diviser schématiquement en deux grandes catégories, la pathologie tumorale et la pathologie non tumorale.

– La pathologie tumorale retrouve les tumeurs bénignes et les tumeurs malignes, c’est à dire cancéreuses.

– La pathologie non tumorale est le plus souvent liée à la présence de calculs (lithiases) dans les canaux d’évacuation des glandes salivaires.

Ces calculs peuvent alors être à l’origine de gonflements, de douleurs ou d’infection de ces glandes. Mais les glandes salivaires peuvent aussi être touchées par des maladies plus générales, allant des plus connues comme les oreillons aux plus rares comme les maladies auto-immunes (syndrome sec de Gougerot-Sjögren, lupus …).

 

Particularités Anatomiques

La glande parotide mesure une dizaine de centimètres et est située en avant de l’oreille et sous son lobule. Elle possède aussi des prolongements vers le cou et vers la profondeur.

Elle se divise en un lobe profond et un lobe superficiel entre lesquels chemine le nerf facial responsable de la motricité de la moitié du visage, ce qui explique que les tumeurs de la glande parotide de même que la chirurgie de cette dernière peuvent être à l’origine de paralysies faciales.

L’évacuation de la salive qu’elle produit se fait via un canal (le canal de Sténon) par un orifice situé sur la face interne de la joue en regard de la deuxième molaire du haut.

La glande sous-maxillaire est ovalaire et mesure environ 5 centimètres dans sa plus grande longueur. Elle est située dans le cou sous l’angle de la mandibule un peu plus en avant. Elle est intimement liée au nerf lingual qui fait la sensibilité de la moitié latérale de la langue et au nerf qui assure la motricité de la langue (nerf grand hypoglosse). L’évacuation de la salive qu’elle produit se fait via un canal (le canal de Wharton) par un orifice situé juste sous le frein de la langue.

Les glandes sublinguales s’abouchent à la partie antérieure du canal de Wharton et les glandes salivaires accessoires s’ouvrent chacune directement dans la muqueuse de la cavité buccale.

 

Pathologie tumorale des glandes salivaires

La parotide est la glande la plus fréquemment touchée par les tumeurs, mais heureusement 70% d’entre elles sont bénignes, c’est à dire non cancéreuses.

Les tumeurs de la glande sous-maxillaire sont beaucoup plus rares mais plus volontiers malignes, avec un ratio d’environ 50%.

La glande sublinguale est quant à elle beaucoup moins touchée par la pathologie tumorale.

Concernant les glandes salivaires accessoires, elles sont à l’opposé de la parotide le siège de pathologies tumorales malignes (cancéreuses) dans 70% des cas.

 

Pathologie non tumorale des glandes salivaires

1- Pathologie lithiasique :

Les glandes parotides et sous-maxillaires, comme les reins et la vésicule biliaire, peuvent fabriquer des calculs (lithiases).

Quand ces calculs s’enclavent dans les canaux d’évacuation de la salive, les glandes se bouchent et augmentent de volume en devenant douloureuses, on parle alors de hernie salivaire quand le gonflement ne dure que quelques heures ou de colique salivaire quand le gonflement et la douleur persistent. Si ces calculs ne s’évacuent pas ou ne se mobilisent pas spontanément, la salive bloquée s’infecte dans la glande réalisant une infection de cette dernière (parotidite ou sous-maxillite).

Le traitement consiste, une fois l’infection traitée par antibiotiques, en l’ablation ou la fragmentation du ou des calculs.

En fonction de la taille et de la position de ces calculs, plusieurs techniques peuvent être utilisées :

– Si le calcul est proche de l’orifice de sortie du canal excréteur, celui-ci est enlevé sous anesthésie locale en ouvrant l’extrémité de ce canal en s’aidant d’un matériel miniaturisé adapté.

– Si le calcul est plus loin situé dans la glande, on peut l’enlever par les voies naturelles en introduisant un endoscope très fin muni d’une petite pince (sialendoscopie).

– Si le calcul est plus gros, il est possible de le fragmenter par ondes de choc (lithotripsie extra-corporelle), et les fragments sont alors évacués avec la salive.

 

2- Pathologies infectieuses (sialites)

Concernant la glande parotide, on parle de parotidite. Elle peut être comme nous venons de le dire liée au blocage de la salive dans la glande par un calcul mais elle est volontiers sans rapport. Bon nombre de parotidites sont virales (au cours de grippe ou des oreillons) ou bactériennes pouvant être à l’origine de la formation d’une collection de pus.

Le traitement consiste en l’antibiothérapie en cas d’infection bactérienne, parfois en l’évacuation chirurgicale d’une collection de pus si celui-ci ne s’évacue pas spontanément par le canal excréteur de la glande.

Concernant la glande sous-maxillaire, quasiment toutes les infections sont liées à l’obstruction par un calcul. On parle alors de sous-maxillite lithiasique. Le traitement de la cause (ablation du calcul) sera donc toujours nécessaire une fois l’infection guérie.

 

3- Pathologies générales des glandes salivaires (sialoses)

Les glandes salivaires peuvent être touchées par les maladies générales (dites maladies de système) le plus souvent auto-immunes. Elles sont alors souvent augmentées de volume en fonctionnant paradoxalement moins bien. Les pathologies les plus connues sont les syndromes de Gougerot-Sjögren (appelé aussi « syndrome sec » avec diminution de production de salive).

Les malnutritions (de même que l’anorexie) créent de même des dysfonctionnements de ces glandes, avec une augmentation de volume souvent inesthétique.

Le traitement consiste en la prise en charge de la maladie générale puisque les sialoses n’en sont qu’une conséquence.

L’injection de toxine botulique peut diminuer le volume des glandes et atténuer leur dysfonctionnement, notamment dans le cas de l’anorexie.

 

Docteur Agnès GUERRE (Paris)

www.docteur-guerre.com